Portugal e o Oriente

LES PORTUGAIS ET BANTEN (1511-1682)

Claude Guillot*

"Banten et la partie occidentale de l'île de Java" (carte de João de Barros).

Comme on le sait, le d>estin de Banten, situé dans la partie occidentale de l'île de Java, est étroitement lié à la production du poivre d'excellente qualité, cultivé des deux côtés du détroit de la Sonde. Faute de sources, la reconstitution de son histoire ancienne demeure encore très problématique. Néanmoins, grâce aux fouilles archéologiques, menées depuis 1988, à Banten Girang, le site de la première ville de Banten, on peut maintenant affirmer que, contrairement à ce qu'avançait, au début du siècle, Hoesein Djajadiningrat, le grand spécialiste de Banten, dans sa Critische Beschouwing van de Sajarah Banten (1), son passé est ancien, remontant aux XI-XIIe siècles, époque à partir de laquelle cette région entretint des contacts commerciaux constants avec l'étranger et en particulier avec la Chine. Banten constituait, en effet, pour ce pays, 1'une des plus proches -- sinon la plus proche sources d'approvisionnement en poivre de qualité. Rouffaer (2)a, sans doute, raison qui pense que le port du royaume de Sint'o (Sunda) décrit par Chau Ju-Kua (3), en 1225, correspond à Banten. Le même auteur affirme que cette région était alors "vassale" du grand royaume sumatranais de Sriwijaya (4). Au XIVe siècle, sans doute, elle passa sous le contrôle du royaume soundanais de Pajajaran dont elle fit, officiellement, partie jusqu'au début du XVIe siècle, époque où les Portugais arrivèrent dans l'archipel insulindien.

L'AFFAIRE DE LA FORTERESSE 1522-1527

La présence portugaise dans cette région commence, bien sûr, avec la prise de Malaka par Afonso de Albuquerque en 1511. Les Portugais apprirent, bien vite, que l'un des principaux partenaires commerciaux du grand emporium qu'ils venaient de conquérir, s'appelait Sunda et fournissait du poivre. Malheureusement, les tout premiers témoi-gnages portugais posent problème par l'utilisation d'une toponymie très ambiguë. En effet "Sunda", nom local de toute la région occidentale de Java, est aussi bien utilisé pour désigner le royaume de Pajajaran qu'une partie de celui-ci.

Le premier témoignage, celui de Rui de Brito Patalim (5), remonte à 1513. On apprend que, cette année-là, partirent de Malaka pour trafiquer à "Sunda", trois jonques, appartenant toutes à des marchands asiatiques, l'une au Tumenggung de Malaka qui était "Luzon", mort le 12 ou 14 décembre 1513 (6), sans doute peu après le départ de sa jonque, la seconde à Nina Chatu, le bendahara de Malaka, grand commerçant Keling, ami des Portugais et la troisième à un marchand, dont le nom, Bemgacale, fait certainement allusion à son origine Bengalie. Ces jonques portaient une lettre "de paix et d'amitié" du capitaine de Malaka, Rui de Brito Patalim, adressée au "roi de Sunda". Il est dit que ce pays de "Sunda", "foumissant du très bon poivre, des esclaves et beaucoup de riz" et achetant "les produits du Gujerat" comptait beaucoup de marchands, que les gens y étaient, en majorité, "paїens" malgré la présence de quelques musulmans et qu'il entretenait "un grand trafic avec Malaka". Dans une lettre envoyée le même jour mais, cette fois-ci, adressée au roi D. Manuel (7), Rui de Brito ajoute que "les Chinois emportent beaucoup du poivre" de "Sunda" considéré comme meilleur que celui de Pasei. On apprend, par ailleurs, que ce même pays exportait de l'or vers Malaka (8). Il est difficile d'affirmer que ce commerce avait lieu à Banten. En effet, à la même époque, Tomé Pires (9), écrit qu'il existe cinq ports en pays sundanais, dont les principaux sont Banten et Kelapa -- ancien nom de l'actuel Jakarta. Et c'est dans ce dernier port, le plus important du royaume, que, d'après lui, viennent commercer les marchands de Malaka, "qui envoient, chaque année, deux ou troisjonques, à Sunda". Cette affirmation de Pires est assez surprenante dans la mesure où on a la certitude qu'à partir de 1518, Malaka commerce principalement à Banten.

Deux hypothèses s'affrontent donc, entre lesquelles il est, actuellement, impossible de trancher. Soit Pires a raison et les Portugais auraient dirigé, entre 1515 et 1518, leur commerce sur un autre port sundanais ou bien Pires qui aborda à l'est de Jakarta, eut des informateurs qui voulurent grossir l'im-portance de Kelapa ou, plus vraisembla-blement, insistèrert sur le fait que celui-ci était le port le plus important du royaume "proprement-dit", le nagaragung des royaumes javanais. Quoiqu'il en soit, on constate qu'en 1518, arrivèrent à Banten (10) trois jonques de Malaka qui furent attaquées et pillées et que, dans cette attaque, entre dix et vingt hommes trouvèrent la mort du côté portugais (11). Rien n'est dit sur les raisons de cette attitude brutale. On peut seulement constater que les Portugais se sont emparés d'une route commerciale asiatique puisque les jonques ne sont pas envoyées, comme précédemment, par les grands marchands asiatiques de Malaka mais par un Portugais, Nuno Vaz, et que la flotte était commandée par un certain Nuno Freyre. On peut se demander s'il faut voir dans cette attaque, une réponse à l'inexpérience des Portugais aux coutumes du commerce asiatique. Toujours est-il que cette affaire interrompit les relations portugaises avec Banten pour quelque deux ans.

Ce fut Banten qui chercha à renouer les liens avec Malaka. En effet, en 1520 ou 1521, Banten fit parvenir un message à Malaka par une jonque, prise lors de l'attaque de 1518. Les autorités de Banten faisaient savoir au bendahara qu'elles étaient prêtes à restituer la jonque. Elles déclaraient non seulement rechercher à faire la paix avec Malaka mais aussi lui demander son aide pour faire face à la menace des musulmans de Demak, conduits par le fameux et énigmatique Patih Unus (12). Les Portugais saisirent tout de suite l'occasion pour demander le droit de construire une forteresse à Banten, en contrepartie de leur soutien militaire. C'est, en tout cas, ce que Garcia Chainho proposait au roi du Portugal dans sa lettre, ajoutant que les Portugais auraient ainsi à portée de main "tout le poivre de Sumatra", c'est à dire de Lampung. Ainsi, commençait l'affaire de la forteresse de Banten. La demande d'alliance de Banten fut prise très au sérieux. Dès l'année suivante, 1522, le Capitaine de Malaka, Jorge de Albuquerque, envoya une ambassade à Banten dirigée par son beau-frère, Henrique Leme, qui s'était déja rendu à Banten entre 1511 et 1514 (13). Les chances de parvenir à un accord devaient paraître très grandes puisque Leme partit de Malaka en emportant un padrão de pierre sur son navire. Effectivement, l'ambassade fut bien reçue par les plus hautes autorités du pays aussi bien politiques que commerciales: le Tumenggung, sorte de Premier Ministre, un Sang adipati, un officiel d'origine bengalie et le chabandar, un Tamoul portant le titre honorifique de Raja Mudyliar. Le 21 août 1522, un accord fut atteint entre les deux parties. Les Portugais se voyaient accorder le droit de venir commercer à Banten et d'y acheter le poivre sans restriction aucune mais aussi d'y construire une forteresse dont Banten acceptait de prendre une partie des frais à sa charge sous forme d'une subvention annuelle en nature de 1000 sacs de poivre soit 30 tonnes. Accompagné des grands mandarins, Henrique Leme fut conduit, ensuite, vers un estuaire de la rivière Cisadane pour examiner l'endroit, octroyé par Banten, pour la construction de la forteresse et où il érigea le padrão qu'il avait apporté. Ce padrão fut retrouvé à Jakarta, en 1918, et se trouve, depuis, conservé au musée, Museum Nasional, de cette ville. Le site de la forteresse n'avait pas été choisi au hasard. D'une part, il se trouvait assez éloigné de la capitale, Banten Girang, et du port de Banten où la présence des Portugais aurait été, pour le moins, gênante et, pour le plus, dangereuse pour les autorités du pays. Par ailleurs, le Cisadane constituait la frontière orientale de la "principauté" de Banten; la présence portugaise en cet endroit pouvait, donc, constituer un premier rempart lors d'une nouvelle attaque des musulmans qui venaient, par mer, de Jepara, c'est à dire de l'est; enfin, elle venait renforcer la capacité défensive des troupes bantenoises qui se trouvaient, traditionnellement, concentrées sur le Cisadane (14). Sitôt connus à Malaka, les termes très avantageux de cet accord poussèrent Jorge de Albuquerque à écrire à Dom João III pour lui demander son accord au sujet de la construction de cette forteresse. L'année suivante, en 1523, à Ambrósio do Rego de passage, le roi de Banten fit, de nouveau part, de son désir de voir les Portugais s'installer dans son pays (15). Mais, la patience de Banten allait être mise à rude épreuve. Le souverain portugais donna rapidement son accord et nomma pour diriger la construction de la forteresse, Francisco de Sá, qui partit de Lisbonne en 1524, sur la flotte dirigée par Vasco da Gama qui allait prendre ses nouvelles fonctions de Vice-Roi. La mort de ce dernier entraîna une certaine confusion à Goa où Francisco de Sá fut nommé capitaine de cette ville. Le projet de la forteresse de Banten se voyait remis a plus tard. En 1526, enfin, Francisco de Sá, démis de ses fonctions à Goa, et, de nouveau, chargé de la construction de la forteresse de Banten, partit pour Malaka.Cependant sa mission devait connaître un nouveau retard puisqu'il dut participer a l'expédition de Pero Mascarenhas contre l'île de Bintan qui eut lieu au mois de novembre et dans la première quinzaine du mois de décembre 1526 (16) et aboutit à la destruction de la capitale de cette île.

L'expédition terminée, la flotte de Francisco de Sá et de Duarte Coelho, composée de six navires, pour se rendre à Banten, allèrent passer par Palembang et le détroit de Banka (17) où ils furent pris dans une violente tempête. La moitié de la flotte, conduite par Duarte Coelho, réussit tout de même à atteindre Banten (18) tandis que l'autre moitié, commandée par Francisco de Sá, etait dispersée et entrainée vers l'est de Java (19). L'un des navires de Coelho, un brigantin, s'échoua devant le port de Banten. Les trente marins qui composaient l'équipage, cherchèrent à gagner la côte à la nage où ils furent pris et décapités (20). Voyant qu'il ne pouvait rien faire et ignorant tout du sort de l'autre moitié de la flotte, Duarte Coelho décida de retourner à Malaka. Il faut situer cet épisode entre décembre 1526 et janvier 1527 (21). Le sort réservé aux marins portugais s'explique par le fait que la situation à Banten avait considérablement évolué depuis l'ambassade de Leme. On se souvient que, sans doute, dès 1520, les forces navales du royaume de Demak, commandées par Pati Unus, avaient lancé des attaques contre Banten qui s'était emprëssé de rechercher l'alliance de Malaka. L'accord de 1522 avait, sans doute, quelque peu refroidi l'ardeur des musulmans qui cherchèrent à atteindre leur but par un autre moyen. Un uléma, originaire de Pasai, connu après sa mort sous le nom de Sunan Gunung Jati, et que Barros nomme Falatehan, vint s'installer avec son fils, Hasanudin, à Banten Girang, la capitale de la principauté, dans le but de l'islamiser et de la faire passer sous la domination de Demak. Ils seraient arrivés à Banten, vers 1524, où ils furent bien reçus et oùils réussirent à convertir, entre autres, une importante personnalité de la "principauté", appelé Ki Jongjo (22), qui était, sans doute, d'origine chinoise. Le prince à l'origine de l'alliance avec les Portugais, qui était âgé, mourut vraisemblablement en 1526 (23). C'est, sans doute, cet événement qui détermina l'uléma et son fils à faire appel au souverain du royaume musulman de Demak à qui ils demandèrent l'envoi de troupes pour s'emparer de la principauté de Banten, en profitant de la vacance à la tête du pays. Demak envoya immédiatement deux mille hommes qui, avec l'aide de Hasanudin, de l'intérieur, se saisirent du port de Banten, quelques jours avant l'arrivée des trois navires de Duarte Coelho. Craignant, sans doute, l'aide des Portugais aux forces bantenoises qui leur étaient hostiles, les musulmans, on l'a vu, massacrèrent les marins du brigantin échoué. La prise du port fut acquise en quelques jours seulement puisque, à l'arrivée de Coelho, le port était déjà aux mains des musulmans et le gros de leurs troupes tentait, alors, de s'emparer de "Banta, Cidade de Sunda" ou "Cidade de Banta, principal do reyno", c'est à dire de la capitale, Banten Girang, située à quelque dix kilomètres en amont du port. C'est dire que les musulmans s'emparèrent du port de Banten entre décembre 1526 et janvier 1527. Pendant ce temps, Francisco de Sá réussissait à réunir ses navires dans le port de Panarukan à Java oriental. Puis, obligeant à se joindre à sa flotte, deux navires portugais de passage, l'un venant de Malaka et un autre des Moluques, il reprit le chemin de Banten où il arriva vers la fin du mois de juillet 1527 (24). Il envoya une délégation au port. Les nouvelles autorités n'avaient, bien sûr, plus aucune raison de permettre aux Portugais la construction d'une forteresse, bien au contraire. Face à ce refus, Francisco de Sá decida alors de tenter une descente armée à terre. La perte de plusieurs hommes et le grand nombre des blessés le déterminèrent à cesser le combat et à faire retraite. Sans doute de dépit, la flotte se rendit, le 30 juillet, vers l'endroit où aurait dû être construite la forteresse portugaise, a l'un des estuaires du Cisadane et Francisco de Sá, y dressant, lui-aussi, un padrão, en prit possession, au nom de son roi, en vertu de l'accord qu'avait passe, cinq ans auparavant, Henrique Leme et les autorités de Banten. Deux semaines plus tard, il dressa un autre padrão, au nord-ouest de la baie de Banten puis décida de rentrer à Malaka où il arriva le 7 septembre 1527. L'acharnement que mit Francisco de Sá à remplir sa mission, s'expliquait par la présence, dans les eaux insulindiennes, de nouveaux concurrents, les Castillans, qui, déjà aux Moluques, pouvaient chercher à avoir accès au poivre de Banten. Raja Mudyliar, l'ancien chabandar de Banten avec qui avait négocié Henrique Leme et que Francisco de Sá put rencontrer, avait perdu sa fonction; sans doute, était-il trop opposé aux musulmans ou trop lié au réseau tamoul de son compatriote, Nina Chatu, lui-même grand ami des Portugais. Il est clair, en tout cas, que c'est lui qui était considéré à Malaka comme le principal artisan de l'accord luso-soundanais (25). En août 1527, la situation au port de Banten restait si trouble que le commerce y était interrompu et que les jonques chinoises devaient charger le poivre à l'extrêmité de la baie (26). Il fut encore question pendant quelque temps, à Malaka, d'envoyer une expédition militaire contre Banten pour y construire la forteresse mais la difficulté de réunir des troupes à cet effet entraina, bien vite, l'abandon du projet.

BANTEN ESCALE VERS LA CHINE XVIe SIÈCLE

Les chroniqueurs, et Barros plus que les autres, veulent dépeindre, dans cette affaire, un épisode de la lutte implacable que l'islam livrait aux Portugais. Il est vrai que ceux-ci affrontaient souvent les musulmans mais il ne pouvait en être autrement puisque ces derniers étaient maitres des grands réseaux commerciaux qu'ils étendaient encore et qu'ils n'avaient nulle envie de s'en laisser déssaisir par les Portugais. Par ailleurs, les musulmans de Java ne pouvaient pas ignorer le terrible sac du très proche port de Bintan par les Portugais qui venait d'avoir lieu. Mais, comme on va le voir, la religion musulmane n'empêcha pas Malaka de nouer, avec pragmatisme, des relations très étroites avec les dirigeants de la nouvelle et islamique dynastie bantenoise.

Il faut dire, d'emblée, qu'il n'est pas facile de traiter en détail des rapports de Malaka avec Banten, entre 1527 et 1601. Les do-cuments sont rares ou restent, peut-être, à découvrir. On possède, outre quelques rapports sur le commerce du poivre, trois témoignages intéressants pour cette période. Le premier est celui de Fernão Mendes Pinto qui arriva à Banten autour du premier octobre 1545. Il explique que le navire sur lequel il se trouvait, venu de Goa et destiné à la Chine, dut hiverner à Banten, faute de stock de poivre suffisant dans ce port, à ce moment-là. Pinto y demeura, donc, plusieurs mois et accepta, ainsi que presque tout l'équipage du navire, de participer à une expédition militaire contre le port de Pasuruan, à Java oriental, aux côtés du roi Hasanudin -- à qui Mendes Pinto donne le mystérieux nom de "Tagaril" -- celui-là même qui, au tournant de l'année 1527, avait pris Banten et empêché Duarte Coelho et Francisco de Sá de descendre à terre. La situation avait bien changé: non seulement, les Portugais pactisaient avec l'ennemi d'hier mais encore ils aidaient les Etats musulmans de Java, Demak et son vassal, Banten, à s'emparer d'une principauté non-musulmane. On sait, grâce à Pinto que, durant cette expédition, "l'Empereur" de Demak, Sultan Trenggana, fut assasiné en 1546 et que le royaume vassal de Banten saisit, sans doute, cette occasion pour se déclarer totalement indépendant. Après cette expédition, les Portugais revinrent à Banten où ils s'embarquèrent pour "Chincheo", au Fukien, "en compagnie de quatre autres navires (portugais) qui s'y trouvaient". Après quelques aventures extraordinaires, il revint à Banten, en 1548. Il y trouva, en arrivant, trois navires portugais, ancrés au port, commandés par un certain Jerónimo Gomes Sarmento. Ces bateaux partaient, eux-aussi, pour "Chincheo". Mendes Pinto préféra, pour sa part, ne pas repartir pour la Chine et s'embarqua sur une jonque de Patani en direction du Siam (27). Le second témoignage est celui du jésuite Manuel Álvares (28) qui, après avoir fait naufrage au large du pays Minangkabau, réussit avec ses compagnons d'infortune à se diriger vers le détroit de la Sonde. Il raconte comment, le 29 avril 1561, atteignant la baie de Banten, dont ils ignoraient encore le nom, ils rencontrèrent une petite barque dans laquelle se trouvait un jeune homme qui se révéla être portugais et qui leur expliqua le lieu où ils étaient. Arrivés au port, ils trouvèrent, ancrée, une flotte de plusieurs navires portugais, commandée par Pero Barreto, qui chargait du poivre et était destinée à la Chine. Le jésuite Sebastião Gonçalves qui raconte la même histoire a travers les souvenirs des survivants se trouvant à Malaka, dit que les navires chargeaient du poivre pour la Chine et le Japon (29). Manuel Álvares donne quelques détails supplémentaires, dans son récit, sur la présence portugaise à Banten. Il écrit, en effet, qu'il fut invité par les hommes de la flotte sur leurs navires mais, aussi, "à terre, dans leurs logements", que le capitaine convia tout le monde à manger, aussi bien sur les navires qu'à terre où l'on pouvait se régaler à ses frais, "à deux tables" (d'un restaurant ou d'une maison portugaise?). Et plus clairement encore, il termine en disant que Banten "est un royaume où viennent commercer de nombreux Portugais quoiqu'ils n'y possèdent pas de forteresse" et que vit, là, "un grand nombre de Portugais". Aussi brefs soient-ils, ces deux témoignages méritent une courte analyse. Il faut noter, d'abord, qu'ils sont parfaitement concordants. A une quinzaine d'années d'intervalle, Mendes Pinto écrit que "Banta est le lieu où d'ordinaire les Portugais font leurs affaires" et Álvares que viennent "y commercer de nombreux Portugais". Ces affirmations sont confirmées par la présence répétée de flottes portugaises: Mendes Pinto, en 1545, arrive sur un navire de Goa; quand il revient, en 1548, il trouve une flotte portugaise ancrée dans le port tout comme Álvares en trouvera une, en 1561. L'importance du rôle des Portugais à Banten se voit aussi bien dans la fréquence de leurs flottes que dans les rapports confiants qu'ils entretiennent avec le souverain Hasanudin ou encore dans le fait qu'au moins dès 1561, certains Portugais -- Álvares semble dire qu'ils sont nombreux -- sont installés à demeure à Banten où ils possèdent des logements. Le deuxième point concordant -- et le plus important -- est que Banten est devenu, pour les Portugais, un maillon de leur commerce avec la Chine et le Japon. C'est là qu'ils viennent charger le poivre destiné à la Chine, gros importateur de cette épice. Le navire venu de Goa est destiné à Chincheo et c'est ainsi que Pinto part pour cette destination. En 1548, il dit que la flotte de Sarmento partit pour la Chine du sud et la flotte de Barreto, en 1561, allait en Chine et au Japon.

Aussi loin que l'on puisse remonter dans le temps, on constate que la Chine fut toujours l'un des principaux clients en poivre de Banten, pour elle, la plus proche source de production. Dans sa lettre déja citée du 6.1.14, Rui de Brito Patalim écrit que "les Chinois prennent beaucoup du poivre de Sunda", témoignage tout à fait concordant avec ceux de Tomé Pires et de Duarte Barbosa. Le changement de dynastie n'apporta aucune modification et le commerce chinois à Banten se poursuivit. Il semble donc que les Portugais, au courant de cette forte demande chinoise, s'insinuèrent dans ce réseau bien établi, pour avoir accès aux produits chinois et en devinrent un maillon important.

Toutes les informations sur l'importance du commerce portugais à Banten contenus dans ces deux documents sont corroborées par quelques autres documents mais, surtout, par le témoignage des premiers Hollandais à effectuer le voyage aux Indes orientales qui arrivèrent, comme l'on sait, à Banten, en 1596, grâce aux informations fournies par Linschoten qui avait travaillé à Goa, dans les années 1580 (30).

Dès avant leur débarquement à Banten, les Hollandais eurent affaire aux Portugais. Ce furent, en effet, six Portugais, accompagnés de leurs esclaves, que dépêcha, en rade, le Régent du pays pour s'enquérir de la nationalité et des intentions des nouveaux arrivants (31). Le texte de Lodewijcksz laisse clairement comprendre que les Portugais sont fortement implantés à Banten, que leur nombre, non cité, est important et qu'ils entretiennent des rapports très étroits avec les plus hautes autorités du pays. Le souverain, en fait le Régent, a, dans son administration, un interprète pour la langue portugaise, un ancien chrétien converti à l'islam, originaire de Meliapur, connu sous le sobriquet de "grand Keling" (Quillin panian)(p. 21r). La bonne entente qui règne entre le Régent et les Portugais inquiète les Hollandais qui craignent d'en être les dupes (p. 22r). Le descendant des rois de Demak, qui réside alors à Banten et rêve de retrouver son trône, passe pour une créature de Malaka. On sait que les Portugais résident à l'ouest de la ville, dans le quartier réservé au commerce international qu'on appelle la "ville chinoise" (p. 32r), qu'ils vendent, au Régent, de la poudre à canon fabriquée à Malaka (p. 25v), qu'ils achètent du riz pour cette ville (p. 29v) et du poivre qu'ils transportent en Chine. Cinqjours avant l'arrivée des Hollandais, ils avaient fait partir cinq navires chargés de poivre pour ce pays (p. 20r). Bref, les Portugais sont si présents que l'auteur du livre n'hésite pas à leur consacrer un court chapître (nº 30) et une gravure les représentant dans cette ville.

L'arrivée de nouveaux concurrents ne pouvait que déplaire aux Portugais qui jouissaient à Banten d'une excellente situation. Malaka s'alarma de cette présence hollandaise et envoya, très vite, une ambassade au Régent qui arriva le 24 octobre 1596 (p. 24r). Mais la lutte d'influence entre les deux nations européennes prit un tour tragique puisqu'elle aboutit à l'assassinat d'un certain Pedro de Tayda. Celui-ci, né à Malaka de parents portugais, passait auprès des Hollandais, pour un homme de grande valeur, doué pour les mathématiques et la cartographie. Pour des raisons que l'on ignore, contrairement aux autres Portugais, il se montra prêt à aider les Hollandais, les conseillant sur l'achat du poivre mais surtout proposant de fournir des cartes de la région à ces néophytes, ignorant tout de l'archipel. On le retrouva, peu après, chez lui, sur son lit, assassiné. Le meurtre fut exécuté, sans doute, par des Bantenois, sur ordre du Régent mais les Hollandais soupçonnèrent fortement les Portugais d'avoir été les véritables instigateurs de cet assassinat qui devait empêcher la divulgation d'importants secrets (p.22v).

La jalousie et même la haine des Hollandais vis à vis des Portugais transparaissent dans le livre mais les Hollandais de ce premier voyage n'étaient pas en mesure de lutter avec un concurrent si bien introduit. Indirectement pourtant, ces premiers navires devaient ruiner les relations confiantes et, sans doute, lucratives que les Portugais entretenaient avec Banten. Dès que la nouvelle de la présence de navires hollandais dans les eaux de Banten parvint à Goa, il fut décidé de prendre des mesures énergiques pour prévenir toute récidive. Le Vice-Roi, Francisco da Gama, forma une flotte qui partit de Goa, en septembre 1597, à destination de Banten. Elle était commandée par Lourenço de Brito qui reçut pour consigne du Vice-Roi de ne pas attaquer les navires indigènes ou chinois. Arrivés dans les eaux bantenoises, au début 1598, les capitaines de cette flotte, loin d'obéir au Vice-Roi, pour des raisons inconnues -- sinon qu'ils voulaient ainsi dissuader "les rois (asiatiques) de recevoir d'autres Européens dans leurs ports"(32) --, se comportèrent avec une rare brutalité: un navire local et deux jonques chinoises furent pillés. La riposte bantenoise fut sévère: ils arrêtèrent les Portugais à terre et trois capitaines de navires de la flotte furent tués. Enjuillet 1598, Lourenço de Brito repartit et sa désobéissance lui valut d'être condamné (33). Cette attitude belliqueuse eut, bien sûr, de lourdes conséquences pour les Portugais qui, semble-t-il, durent tous quitter Banten. Trois ans plus tard, Goa organisa une deuxième expédition contre les Hollandais, une fois encore, à Banten. Cette importante flotte portugaise, commandée par A. Furtado de Mendonça, en arrivant dans la baie de Banten, découvrit cinq navires hollandais, commandés par Wolfert Harmensz. Les hostilités s'engagèrent le jour de Noël 1601. Une grande bataille navale s'ensuivit dans laquelle les Hollandais prirent le dessus. Sans doute, personne, sur le moment, ne comprit l'importance de cette bataille qui se révéla déterminante, par la suite. En effet, à partir de cette date, les Portugais ne cherchèrent plus à entraver la présence hollandaise dans les eaux de l'archipel et ils quittaient Banten pour quelque soixante-dix ans. Les Hollandais comprirent, avec le recul, combien cette bataille avait marqué un tournant dans leur destinée. Dans un livre, consacré a l'histoire de Maurice, duc de Nassau, publié au XVIIIe siècle(34), il est largement rendu compte de ce combat naval auquel est consacré une grande illustration (entre p. 234-235) avec pour légende: Description du continuel combat de mer arrivé ès Indes Orientales, près de la ville de Bantam entre cincq navires Hollandoises contre la grande armée des Portugais en l'an 1601.

LE "SECRET" DE MANILLE

En mars 1663, un navire, appartenant au roi, quittait le port de Banten à destination de Manille. La chose mérite, en soi, d'être notée puisque, pour la première fois de son histoire, autant qu'on le sache, Banten envoyait un navire hors des eaux nousantariennes. Mais cet événement, somme toute anodin, allait se révéler d'importance, à plusieurs titres, pour Banten et pour les marchands particuliers portugais. Pour la compréhension, un retour en arrière s'impose. Exclus de Banten aussi bien par l'inconséquence de la flotte de Lourenço de Brito que par la présence hollandaise, les Portugais, concentrèrent, désormais de plus en plus, leur commerce insulindien sur Makassar, un port qu'ils connaissaient depuis longtemps. Charles Boxer (35) semble s'étonner de cette intensification des relations portugaises au moment où précisément les souverains de Makassar choisissaient de se convertir a l'islam vers 1605-7. Or, il est clair que l'inaccessibilité de Banten obligeait les Portugais à chercher un autre port insulindien, escale entre l'Inde et l'Extrême-Orient, qui pourrait les fournir en produits destinés à la Chine. Par ailleurs, comme on l'a déjà vu dans le cas de Banten, ils étaient prêts, pour le succès du commerce, à faire taire leurs préventions contre l'islam. Bien accueillis à Makassar, ils s'installèrent nombreux dans cette ville, durant les premières décennies du XVIIe siècle. La chute de Malaka en 1641 fit affluer une partie de la population portugaise vers Makassar qui apparut, dès lors, comme le principal -- et nécessaire -- port insulindien d'escale et d'échanges dans le vaste réseau portugais. Parmi les nouveaux arrivants, se trouvait un certain Francisco Vieira de Figueiredo à qui Ch. Boxer consacra une magnifique étude, très éclairante sur la présence portugaise en Insulinde, au milieu du XVIP siècle. L'union des deux couronnes, portugaise et espagnole, entre 1580 et la Restauration de 1640, n'eut pas que des inconvénients. Elle permit, en tout cas, aux Portugais des Indes de commercer aux Philippines et d'avoir accès à cette marchandise très spéciale que représentait la monnaie d'argent en provenance de Mexico. L'importance de ces reales dans les échanges avec la Chine a déjà été souvent soulignée. On montrera, ailleurs, que cette importance fut, au moins, aussi grande dans de nombreux autres Etats asiatiques dont le commerce florissant ne pouvait croitre par manque d'une masse monétaire suffisante. Les "facteurs" occidentaux résidant dans le pays, obligés d'attendre l'arrivée de navires d'Europe pour disposer d'espèces, se trouvaient souvent dans l'impossibilité d'acheter les produits au moment opportun. Le marché local, faute d'acheteurs, risquait à tout moment de s'effondrer. L'affaire était particulièrement grave pour le commerce des produits agricoles, périssables: la perte de stocks, la mévente et la chute des prix incitant les producteurs à abandonner la culture de ces denrées, principale richesse des Etats insulindiens. Il existait, certes, quelques palliatifs à cet inconvénient comme les paiements différés ou les emprunts à la cassette royale mais ces deux expédients ne pouvaient pas répondre au développement considérable du commerce international entrainé par la présence des flottes occidentales. Les vendeurs asiatiques n'avaient pas les capitaux suffisants pour attendre, pendant des mois, les énormes sommes que representait le chargement d'une flotte. Et le trésor royal, composé de lingots d'or et de diamants, se prêtait mal aux transactions marchandes. Les reales de Manille apportaient la solution à tous ces problèmes. Les Portugais, contrairement aux Espagnols, avaient acquis, au cours des ans, une profonde connaissance du marché asiatique et ils en profitèrent, bien sûr, pour jouer les intermédiaires entre celui-ci et Manille. Les relations entre l'Asie portugaise et Manille débutèrent vraiment en 1620. On peut, à partir des données de la douane de Manille, publiées par P. Chaunu (36) reconstituer l'importance du commerce portugais à Manille:

1620:9 navires

Aucun chiffre de 1621 a 1626

1627:3 navires

1628:5 navires

1629:5 navires

1630:8 navires

1631:6 navires

1632:4 navires

1633 a 1637:1 navire annuel

1638:0

1639:1

1640 à 1670:0

"Jente do reino de Java Jintios chamãose Jaos" (Cod. Casanatense, id. ibidem.)

Il est à noter que Negapatam, où résidait,alors, Francisco Vieira qui était en excellents termes avec le Nayak de Tanjore, participait à ce commerce de Manille, où entre 1627 et 1640, Makassar envoya cinq navires (37). Faute de documents, il est impossible de savoir si ces deux informations ont un lien entre elles. Comme on vient de le voir, à partir de 1640, les relations entre l'Asie portugaise et Manille se trouvèrent, officiellement, rompues pour une trentaine d'années, conséquence de la réaction espagnole à la Restauration portugaise. Or on constate que, à partir de cette date, quelques marchands particuliers portugais perspicaces, dans le but de poursuivre ce commerce de Manille, se mirent à la recherche d'un tiers, susceptible d'être admis dans les ports philippins et désireux de se procurer des reales. C'est ainsi qu'à deux reprises, en 1644 et 1645, le Président du Conseil de l'East India Company à Surate, Francis Breton, envoya un navire à Manille. Or, ce nouveau lien avec Manille n'était, en rien, dû au hasard mais venait de la divulgation de ce qui apparaît comme un "secret": "The man who spurred that inspiration was an enterprizing Portuguese merchant in Surat, Joseph de Brito, who pointed out to Francis Breton the considerable benefits that would be gained from trade in Manilla" (38).

On constate de même qu'arrivent à Manille, en 1669, un navire en provenance de Masulipatam et, en 1670, un autre du Bengale (39). On ne sait malheureusement rien de ces navires; on peut seulement remarquer que, dans ces deux régions, les Portugais étaient assez nombreux. Le pays qui profita le plus de ce "secret" portugais, fut, sans nul doute, Makassar. Il est difficile de savoir qui le divulga d'abord puisqu'on a vu que de 1627 à 1640, cinq navires firent le voyage de Makassar à Manille. Mais il est vraisemblable qu'ils appartenaient à des Portugais de la ville. Entre 1640 et les années 1660, Makassar connut une prospérité peu ordinaire et des personnages quelque peu hors du commun. On sait que les deux souverains Mohamad Saїd (r. 1639-1653) et son fils et successeur Hasanuddin (r. 1653-1669) mais surtout leurs Premiers Ministres Karaéng Pattingalloang et son fils Karaéng Karunrung montrèrent une rare ouverture d'esprit, non seulement, en accueillant et en soutenant les Portugais dans leur royaume mais, aussi, en cherchant à acquérir leur culture. Il est bien connu (40) que ces Premiers Ministres firent preuve d'une exceptionnelle curiosité envers la pensée et les sciences occidentales puisque, non seulement, ils parlaient couramment le portugais et l'espagnol mais encore, lisaient, dans ces langues, des livres dont ils s'étaient constitué des bibliothèques. C'est dans cette atmosphère d'ouverture et d'intelligence qu'arriva, sans doute en 1641, le très intelligent Francisco de Vieira qui devint, très rapidement, une sorte de conseiller des dirigeants. Vieira connaissait, sans doute, depuis longtemps le "secret" de Manille puisqu'on a vu que, dans les années 1630, les Portugais de Negapatam, dont il était, envoyaient des navires dans cette ville. Il est clair, en tout cas, que, dès les années 1640, Manille apparaît comme le pivot de ses activités. On le retrouve, en 1642, au Cambodge comme envoyé du Gouverneur des Philippines; la même année, il décide de diriger, à partir de Makassar, son commerce avec Manille (41). On s'aperçoit que, dès l'arrivée de Vieira, Makassar, va entretenir des relations privilégiées et régulières avec Manille.

D'après P. Chaunu (42), on peut reconstituer, comme suit, la fréquence des navires makassars à Manille:

-- de 1641 (date probable de l'installation de Vieira à Makassar) à 1646: 8 navires

-- 1647-48-49: O navire, ce sont les années où Vieira n'est pas à Makassar

-- de 1650 à 1664: 28 navires, 1664 est l'année où Vieira voyagea pour partir définitivement de Makassar comme l'exigeait les Hollandais.

-- 1666-1667:2 navires dont on verra la provenance réelle plus loin (43).

Or, on constate que les navires qu'il envoie à Manille mais aussi à Macao, sont officiellement au nom du souverain ou du Premier Ministre qui ont, bien sûr, des parts dans l'entreprise (44). Les liens commerciaux entre Makassar et Manille devinrent si importants que les Philippines envoyèrent résider à Makassar, un facteur, Pedro de la Mata (45).

Nombreuses sont les raisons du succès de cette liaison puisqu'elle arrangeait tout le monde. Manille pouvait ainsi avoir accès aux marchés insulindien et indien. Les navires makassar qui souvent rejoignaient Macao après leur passage à Manille, permettaient à cette ville, dans une médiocre situation commerciale depuis la fermeture du Japon, d'avoir accès aux réales pour commercer avec la Chine. Vieira pouvait s'enrichir. Et ses protecteurs, les dirigeants de Makassar, voyaient en méme temps leur capital en numéraire augmenter et l'économie de leur pays se développer prodigieusement. Certes, il serait nécessaire d'étudier precisément, si la chose est possible, l'impact véritable qu'eut l'apport de monnaie de Manille dans l'économie makassaraise entre les années 1640 et 1660 mais il est impossible que celui-ci n'ait pas joué un rôle primordial dans le véritable "boom" économique que connut le royaume durant cette période.

La concurrence de Makassar gênait, bien sûr, Batavia qui cherchait à obtenir le monopole du grand commerce intemational dans les eaux insulindiennes et en particulier celui des épices en provenance des Moluques. Des affrontements eurent lieu dans cette région entre Hollandais et Makassar qui aboutirent en 1660 à l'attaque de Makassar et à la signature du traité inégal de Bongaya (46) qui obligeait le souverain à expulser tous les Portugais de son territoire. Vieira réussit, sous divers prétextes, à retarder son départ jusqu'en 1665. C'est ici, après ce long mais nécessaire développement, que l'on retrouve Banten, en 1663. Le résident hollandais dans ce pays, qui servait surtout d'informateur, fut très intrigué par l'ouverture de cette nouvelle ligne commerciale vers Manille et envoya, à cinq reprises, des renseignements sur ce sujet à Batavia. On apprend ainsi qu'en février, le Sultan préparait deux jonques pour "les Manilles" et qu'il demandait "une lettre de circulation", qu'en mars, il voulait "acheter a Batavia des tissus à vendre aux Manilles" puis que ces navires, sans doute, "n'iraient pas aux Manilles mais plutôt à Ujung Selang ou à Malaka" et enfin, qu'en avril, le souverain projetait d'installer "un Espagnol de Jambi à Manille pour lui servir de facteur". Batavia est enfin informé, en novembre, que la jonque envoyée à Manille serait bientôt de retour" (47). Rien n'est dit sur les raisons qui poussèrent le gouvernement bantenois à ouvrir cette nouvelle route. Un certain nombre de présomptions, pourtant, conduisent au réseau portugais. On constate d'abord que c'est précisément au moment où les demiers Portugais dont Vieira, doivent quitter Makassar qu'est ouverte la route commerciale Banten-Manille mais aussi et surtout que la jonque bantenoise ne va pas en droiture à Manille mais fait escale à Makassar, à l'aller comme au retour (48). La question est évidemment de savoir qui, à Makassar, transmit le "secret" à Banten et pour quelle raison. On sait que les rapports de Banten avec ce royaume étaient très étroits, au milieu du XVIIe siècle, renforcés par des ambassades frequentes dans les deux sens et que Banten envoya même des munitions et de l'argent pour soutenir Makassar dans sa lutte contre les Hollandais. On pourrait, donc, penser que ce furent les dirigeants eux-mêmes qui informèrent leurs amis bantenois. Mais rien n'empêchait ceux-ci de poursuivre ce commerce; or, on l'a vu, celui-ci cesse définitivement avec le départ de Vieira. Deux sources restent, alors, possibles: le facteur de Manille à Makassar ou Vieira. Il n'est pas facile de trancher entre ces deux solutions. Il est clair, d'une part, que Manille avait intérêt à entretenir des relations avec un port qui pouvait le fournir en produits indiens et insulindiens. Mais, par ailleurs, un certain nombre de faits laissent à penser que Vieira est bien le véritable instigateur de cette nouvelle route commerciale. Sans être un familier de Banten, autant que l'on sache, Vieira était loin d'ignorer ce royaume où il était venu, en 1648, en tant qu'ambassadeur, à la fois, du Vice-Roi de Goa et du roi de Makassar. On sait, aussi, qu'en 1665, après son installation à Larentuka, il eut l'intention de rentrer en Europe et d'envoyer d'abord son navire à Banten (49). Il est possible, aussi, que Vieira ait porté son choix sur Banten, par l'intermédiaire des Anglais de l'East India Company de Makassar avec qui il était en bons termes et qui dépendaient du "conseil" de Banten. On constate, en tout cas, qu'au début, pour le moins, les navires de Banten furent conduits à Manille par des capitaines anglais au service du souverain javanais. Mais la raison principale qui pouvait pousser Vieira à engager Banten sur la route de Manille est, sans doute, à rechercher dans sa volonté de développer le commerce portugais, en particulier celui de Macao. On sait (50) que ce sujet lui tenait à coeur et que, dès 1653, il expliquait au Vice-Roi de Goa le meilleur moyen de parvenir à ce but. Il paraît vraisemblable de supposer que l'intention de Vieira était de pousser Banten à entrer dans le réseau des marchands particuliers portugais dans le but de préserver les liens entre Macao et Manille. On constate, en effet, que quelques années plus tard, Banten qui n'accueillait plus de navires portugais, redevint l'un des noeuds du réseau commercial portugais. On pourra, certes, objecter que sept ans s'écoulèrent entre le premier voyage à Manille et la première relation avec Macao. Mais ce retard peut s'expliquer, en particulier, par l'attitude belliqueuse de l'Estado, bien différente de celle des marchands particuliers. En 1663, l'année même où partait le navire bantenois pour Manille, deux navires goanais dont le Bom Jesus de São Domingos, vinrent à Banten. Leur comportement, sur place, fut tel qu'ils furent considérés comme ennemis. Sans doute pour corriger cette mauvaise impression, Goa envoya à Banten, l'année suivante, en 1664, par le même navire Bom Jesus, une ambassade qui demanda au souverain le droit pour Goa de commercer dans son port. Malgré l'attitude de la flotte précédente, le sultan accepta de recevoir désormais les navires goanais. Mais on apprend qu'en mars 1666, un de ces navires fut arrêté par les autorités bantenoises (51). On a quelque mal à comprendre la raison de ces relations détestables entre Banten et Goa. On ne peut que constater qu'elles ne s'améliorèrent pas puisque huit ans plus tard, en 1674, un navire du sultan de Banten fut confisqué par les autorités de Goa, pour manque de laissezpasser (52). Il est certain que cette animosité n'encourageait guère Banten, qui ne comprenait, sans doute, pas les différences d'intérêt entre marchands particuliers et Estado, a trafiquer dans le port portugais de Macao.

Portugais à Banten, en 1596. Gravure tirée de Lodewijcksz, Premier Voyage(...)

En 1664 et 1665, aucun navire bantenois ne se rendit à Manille. En 1667, le sultan y envoya un de ses navires, commandé par le capitaine anglais, James Bound, qui emmenait plusieurs Portugais, à son bord. Commencèrent, alors, des tractations officielles. Au début de 1668, le Gouverneur de Manille dépêcha à Banten, un envoyé, José Manuel de Lavega, qui arriva sur un navire portugais, le Nossa Senhora do Sacrário. On ne possède aucune information sur sa mission; on constate seulement que quelques mois plus tard, un navire du sultan partit pour Manille, chargé de fer, faisant route en compagnie du navire de l'ambassadeur (53). Mais, comme on le verra plus loin, avant que la jonction avec Macao ne soit définitivement établie, il fallut attendre qu'aboutissent de nouvelles tractations, qui eurent lieu, en 1669, à Manille. Enfin, en 1670, le voyage à Banten d'un envoyé du Senado de Macao, concrétisait l'éta-blissement d'un nouveau lien entre Banten et le réseau portugais. Comine on peut le constater, il n'existe pas de preuves irréfutables permettant d'affirmer que le commerce entre Banten et Manille fut l'oeuvre des Portugais et d' abord de Vieira.

Mais un faisceau de présomptions conduit à penser qu'à Banten comme à Surate ou à Makassar, ce furent bien des marchands portugais qui eurent l'initiative de cette liaison qui devait, dans le cas de Banten, permettre à Macao d' avoir un nouveau partenaire commercial en Insulinde mais aussi d'avoir, indirectement, accès au marché de Manille qui leur était fermé. Pour Banten, Manille devait se révéler d'une importance considérable. Chaque année, à partir de 1667 et jusqu'à la conquête du royaume par les Hollandais en 1682, un ou deux navires, appartenant toujours au gouvernement bantenois, firent le voyage aux Philippines d'où ils rapportaient, certes, des marchandises mais surtout de la monnaie d'argent. Quelques chiffres donnent une idée de l'ampleur de ce trafic: en 1673, furent rapportées de Manille, 73000 reales de huit, 55000 en 1675, 25000 en 1676, 32000 en 1677, 80000 en 1678, 60000 en 1679 (54). La volonté du gouvernement bantenois de supprimer le troc et de faire de la reale de huit la monnaie de transaction apparaît clairement dès 1663, c'està dire dès le premier voyage à Manille. On constate, en effet que cette année-là, le chabandar avertit les facteurs étrangers que le paiement des archandises de même que celui des diverses taxes devait, désorrais, s'effectuer "en monnaie espagnole"(55). Cette monétarisation voulue, et rendue possible par les rapports avec Manille, devait se révéler extrêmement bénéfique pour le développement de Banten, dont le gouvernement pouvait, maintenant, jouer le rôle de banque d'emprunt pour les marchands (56). Ce n'est, sans doute, pas un hasard si la période la plus prospère de l'histoire bantenoise correspond précisément à celle des contacts avec Manille comme cela avait, déjà été le cas pour Makassar. Le "secret" des Portugais se révéla, pour les deux pays, d'une immense valeur.

RAPPORTS AVEC MACAO, 1670-1682

On ne sait pas quels contacts furent noues, en 1669, avec les Portugais, à Manille, mais il est certain qu'il fut décidé d'ouvrir des relations commerciales entre Banten et Macao. En effet, quelques semaines après le retour du navire de Manille, qui amenait deux religieux à Banten, le résident hollandais apprit que le sultan était décidé à envoyer à Macao, pour son voyage inaugural, le gros navire qu'il s'était fait construire à Rembang, à Java central (57). Moins d'un mois plus tard, le 17 avril 1670, arrivait à Banten, sur le Rosario, un religieux, António Nunes, qui se présentait comme l'ambassadeur de Macao auprès du sultan et qui profitait de l'occasion pour amener une cargaison (58). Moins de deux mois plus tard, au début juin, arriva un autre navire portugais, chargé de thé, de parasols, de soie, de musc et de toutenage qu'il vendit à Banten. Le capitaine acheta au chabandar une jonque de 150 tonneaux qu'il chargea de poivre ainsi que son navire et les deux bateaux repartirent pour Macao à la fin dejuin (59). Les relations étaient au beau fixe entre les deux pays. Le sultan décidait d'envoyer non pas un mais deux navires à Macao, le navire neuf et un autre, ce demier devant, au retour, passer par Manille. Le plus gros, commandé par un capitaine anglais, emportait pour Macao du poivre, du santal, du bois d'aigle, du sel, des nids d'hirondelles etc., et avait pour équipage des "Chinois, tous rasés à la manière tartare", ce qui veut sans doute dire qu'ils portaient la tresse comme l'exigeaient les Mandchous, devenus maîtres de la côte sud de Chine (60). En mars 1671, les deux navires étaient de retour; si tout s'était bien passé à Manille, il en alla tout autrement à Macao, où Banten commerçait pour la première fois de son histoire. Le résident hollandais écrit laconiquement que le sultan et le chabandar furent extrêmement mécontents de la façon dont y fut traité l'équipage du navire (61). Les Anglais de Banten donnent l'explication: "La Cité de Macao depêcha un ambassadeur et offrit l'exemption de taxes pour tous ses navires, au roi de Banten. Lorsque celui-ci envoya des vaisseaux à Macao, le Gouverneur de cette ville lui fit payer des taxes. Or c'est lui et non la Cité qui décide des taxes" (62). Banten avait été victime de la rivalité entre le Senado et le Capitaine Général. Malgré la déception de ce premier voyage, le chabandar de Banten, le Chinois Kaytsu, qui semble avoir pris parti contre les Qing et donc pour Zheng Jing, fils de Zheng Cheng-gong (Koxinga), décida d'envoyer une jonque qui partit en juillet 1671 et revint fin février 1672, chargée d'une riche cargaison et amenant à Banten une trentaine de "Chinois rasés à la tartare" qui voulaient, sans doute, émigrer (63). Les choses semblent s'être arrangées à Macao puisque dès le retour de ce navire, Kiayi Ngabèhi Cakradana, capitaine des Chinois de Banten mais aussi chef de la douane, annonça le départ pour la Cité de deux jonques, appartenant d'après les Hollandais à des "Zheng" tandis que Kaytsu décidait d'en envoyer une. Cette dernière reviendra en 1673 avec, outre sa cargaison, "deux cents Chinois rasés (à la tartare) apportant un gros capital avec eux" (64). En 1673, le roi envoya à Macao un navire, chargé de poivre, qui retrouva, là, une autre jonque de Banten partant pour le Japon (65). En quatre ans, de 1670 à 1673, c'est donc 7 navires de Banten qui firent le voyage à Macao.

Les échanges n'étaient, bien sûr, pas unilatéraux et les navires portugais arrivèrent en grand nombre à Banten. On peut dire que ce royaume javanais devint, au cours des années 1670, un noeud du réseau commercial portugais: au cours de la seule année 1675, arrivèrent de Macao, 3 navires bantenois et 1 portugais; 2 navires portugais y partirent; 7 navires portugais arrivèrent de Porto Novo via Madras à Banten et enfin 1 navire portugais en partit pour Timor via Jepara: soit un total de 14 mouvements! En 1676, on compta 11 mouvements. Cette même année, arrivèrent aussi à Banten, trois navires amenant les rescapés de la communauté portugaise de Jepara qui fuyaient la destruction de la ville (66). Ces étroites relations économiques lusobantenoises se poursuivirent, avec des hauts et des bas jusqu'en 1682, date de la prise de Banten par les Hollandais qui s'empressèrent de faire interdire tout commerce international. Le dernier navire à pénétrer, avant l'arrivée des forces de Batavia, dans le port de Banten où se trouvait déjà un autre navire macaite, le São João, fut un navire de Macao, le Santo António, qui ramenait de Chine le fameux jésuite flamand Philippe Couplet (67). Avec la prise de Banten, disparaissait le dernier grand port javanais où pouvaient trafiquer les nombreux marchands particuliers des Indes. Macao se tourna, dans les années suivantes vers Banjarmasin, au sud de Bornéo, mais ce royaume, exportateur de poivre, lui-aussi, ne fut jamais le grand emporium qu'avait été Banten.

NOTAS

(1). Hoesein Djajadiningrat, Critische Beschouwing van de Sajarah Banten, Haarlem, 1913.

(2). Encyclopaedie van Nederlansche-Indië, 2 éd., 's-Gravenhage/Leiden, 1921, sub "Soenda", p. 16.

(3). F. Hirth & W. Rockhill, Chau Ju-Rua, on the Chinese and Arab Trade in the 12th and 13th centuries, St-Petersburg, 1911, reprint, Amsterdam,'1966, p. 70, 222.

(4). Idem, p. 66.

(5). Lettre de Rui de Brito Patalim à D. Afonso de Albuquerque, 6.1.1514, Basílio de Sá, Documentação..., vol. I, p.54.

(6). Idem, p. 57.

(7). Idem, p.69.

(8). Lettre de Jorge de Albuquerque au roi, 8.1.1515, Basílio de Sá, op. cit., vol I, p.76.

(9). A. Cortesão, The Suma oriental of Tomé Pires, London, 1944 p. 170-172.

(10). On verra, plus bas, comment on peut affirmer que dans cette lettre, "Sunda" désigne bien Banten.

(11). Lettre au roi, du 20 août 1518, écrite vraisem-blablement par le Capitaine de Malaka, Afonso da Costa, B. de Sá, op. cit., vol I, p. 101-102.

(12). Lettre de Garcia Chainho au roi, 31.8.1521, ANTT, CC III, 7, 115. Ce document m'a été communiqué par L. F. Thomaz que je remercie ici.

(13). Barros, IV-1, 1, 12 et 13.

(14). Voir à ce sujet, notre étude "la nécessaire relecture de l'accord luso-soundanais de 1522" dans, Archipel, 42, 1991.

(15). A. Silva Rego, A s Gavetas da Torre do Tombo, VII, Lisboa, 1968, p.563.

(16). Pero Mascarenhas, accompagné de Fr. de Sá et de Coelho, partit pour Bintan le 23 octobre (Barros IV, I, 9) et était de retour à Malaka au début de décembre (Couto IV, II, 5 p. ll0). Simão de Sousa qui participa à l'expédition dit qu'il partit de Malaka le 26 octobre et y revint le 25 décembre 1526 (ANTT, CC I, 38, 71). Ce document m'a été communiqué par Jorge dos Santos Alves queje remercie ici.

(17). Lettre de Fr. de Sá au roi, 10.9.1527, ANTT, CC I, 38, 39.

(18). Barros écrit qu'il arriva à Kelapa. Dans notre article déja cité, nous avons montré que, très vraisemblablement, ce toponyme a été ajouté par Barros, luimême, dans le but de clarifier son interprétation fautive des documents. Les autres chroniqueurs donnent tous "Sunda" ou "le port de Sunda" qui désigne toujours Banten dans les sources portugaises.

(19). L'est de Java est donné par les chroniqueurs. Bras Bayao, qui participa, sans doute, à cette expédition écrit que les navires furent poussés jusqu'au détroit de Bali et même jusqu'à Lombok; R. Nicholl, "The Letter of Bras Bayao" (1.11.1540) The Brunei Museum Journal, vol.5, nº3, Brunei, 1983, pp.51-58.

(20). Castanheda, VII, 3. Francisco de Sá dorme le chiffre de 13 marins tués; Lettre au roi, 10.9.1527, ANTT, CC I, 38, 39.

(21). On a vu que la prise de Bintan dura jusqu'au milieu de novembre. On sait, par ailleurs, que Duarte Coelho partit de Cochin à la mi-avril 1527 (Lettre de Afonso Meixa aux autorités de Malaca datée du 30.4.1527 -B. de Sá, op. cit., I, p.209). On peut estimer que les séjours de Coelho à Malaka où il retouma, puis à Cochin où il s'arrêta, plus le temps du voyage entre Banten et Malaka et entre Malaka et Cochin, doivent correspondre à deux ou trois mois. Par ailleurs, un navire envoyé par Malaka, en janvier 1527, pour chercher des vivres à Panarukan, trouva Francisco de Sá dans ce port. Le voyage entre Malaka et Panarukan durait moins d'un mois; "Lettre de Jorge Cabral au roi, 10.9.1527", L. F. Thomaz, Os Portugueses em Malaca, 1511-1580, vol II, doc.41, thèse dact., Faculté des Lettres de Lisbonne, 1964.

(22). Barros, IV, 1, XII, H. Djajadiningrat, Critische Beschouwing van de Sajarah Banten et tradition orale.

(23). Seul de tous les chroniqueurs, Francisco de Andrade affirme que celui-ci mourut lors de l'attaque musulmane. Les autres, plus crédibles, écrivent que le roi était, alors, déjà mort.

(24). Un point reste obscur sur ce que fit Fr. de Sá. Alors que les chroniqueurs rapportent qu'il fut entraîné ainsi que deux autres navires, par la tempête vers Java oriental, le capitaine de Malaka, qui tenait ses informations de Sá luimême, écrit que ce dernier arriva d'abord à Sunda-Banten mais que, incapable de rien entreprendre sans ses navires, il repartit pour Panarukan où il put non seulement réunir ses navires mais comme on l'a-vu en réquisitionner deux autres de passage Lettre de J. Cabral, L. F. Thomaz, loc. cit.). F. de Sá, pour sa part explique cette longue escale de six mois à Panarukan par la nécessité d'attendre le changement de mousson (Lettre au roi, ANTT, CC I, 38, 39).

(25). A. Silva Rego, A s Gavetas, VII, 563.

(26). R. Nicholl, op. cit., p.55.

(27). Fernão Mendes Pinto, Peregrinação, trad. française R. Viale, Paris, 1991, chap. 172-180.

(28). Frazão de Vasconcelos, Naufrágio da Nau "S. Paulo" em um ilhéu próximo de Samatra, no ano de 1561, Lisboa, 1948, pp.41-42.

(29). Basílio de Sá, op cit., H, p. 422.

(30). Lodewijcksz, Premier livre de la navigation des Holl andais..., Amsterdam, 1598.

(31). Idem, p. 20r.

(32). Couto, XII, 12, p. 90.

(33). Couto XII, 12.

(34). La Généalogie des Illustres comtes de Nassau, nouvellement imprimée: avec la description de toutes les victoires lesquelles Dieu a octroiées aux Nobles, Hauts et Puissants Seigneurs, Messeigneurs les Etats des Provinces-Unies du Paїs-Bas, sous la conduite et Gouvernement de son Excellence le Prince Maurice de Nassau, 2è éd., Leiden.

(35). Francisco Vieira de Figueiredo. A Portuguese merchant adventurer in South East Asia,1624-1667, V. K. I., 52, 's-Gravenhage, 1967, p. 3.

(36). Les Philippines et le Pacifique des Ibériques (XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles). Introduction méthodologique et Indices d'activité. SEVPEN, Paris, 1960, p. 156 et suiv.

(37). P. Chaunu, loc. cit.

(38). Serafin D. Quiazon, English "Country Trade" with the Philippines, 1644-1765, Quezon City, University of the Philippines Press, 1966, p. 5. Sur José de Brito, voir W. Foster, The English Factories in India, 1642-1645, Oxford, 1927, p. 219.

(39). P. Chaunu, loc. cit.

(40). A. Reid "A great seventeenth century Indonesian family: Matoaya and Pattingalloang of Makassar", Masyarakat Indonesia, VIII-1, Jakarta, 1981.

(41). Boxer, op; cit., p. 2.

(42). Loc. cit.

(43). Dans son excellent ouvrage, George Bryan Souza (Portuguese trade and society in China and South China Sea, 1630-1754, Cambridge University Press, 1966, p. 102) dorme des chiffres légèrements différents mais qui ne change rien sur le fond:

1641-1646: 8-navires

1647:1 navire

1649:2 navires

1650-1664:31 navires.

(44). Boxer, Op. cit., p. 6-7.

(45). Idem.

(46). F. W. Stapel, Het Bongaais Verdrag, Leiden, 1922.

(47). Daghregister gehouden int Casteel Batavia vant passcrende daer ter plaetse als over geheel Nederlandts India, Batavia/'s Gravenhage, 31 vol., 1888-1931, 1.2.1663, 16.2.1663, 14.3.1663, 23.3.1663, 5.4.1663, 21.11.1663.

(48). Daghregister, 1.2.1663 et 21.11.1663.

(49). Boxer, op cit., p. 6 et p. 47.

(50). Boxer, op. cit., p. 17.

(51). Daghregister, 29.5.1664 et mars 1666.

(52). P. Pissurlencar, Assentos do Conselho do Estado, Bastora Goa, 1956, vol. IV, p.233 et suiv.

(53). Daghregister, 24.3.1668, et ler et 31.5.1668.

(54). Daghregister, 17.3.1673; 8.3.1675; 7.3.1676; 10.2.1677; 12.2.1678 et 2.3.1679.

(55). Daghregister, 19.12.1663 et 12.11.1665.

(56). India Office Records (Londres) E/3/36,11.8.1675.

(57). Daghregister, 15 et 25.3.1670.

(58). India Office Records (Londres) G/21/5, 7/17.4.1670.

(59). Daghregister, 4, 9 et 21. 6.1670.

(60). Daghregister, 21.6. et 7.8.1670.

(61). Daghregister, 23.3.1671.

(62). India Office Records (Londres) E/3/31, 29.12.1671, f° 3610.

(63). Daghregister, 18. 7.1671; 4.3.1672.

(64). Daghregister, 26, 29. 3 et 1. 4.1672 et Daghregister, 27.2. 1673.

(65). Daghregister, 11 et 20.7, et 19.11.1673.

(66). Daghregister, 7.10.1676.

(67). Algemeen Rijksarchief (La Haye), VOC 1409, f° 1363-4.

* Claude Guillot, né en 1944, est spécialisé dans l'histoire de Java où il a séjoumé durant sept ans, comme professeur à l'Université Gajah Mada de Yogyakarta. Chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique et chargé de cours à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales à Paris, il travaille actuellement sur l'histoire du royaume de Banten à Java Ouest. II est l 'auteur, entre autres, de Riayi Sadrach. Essai de christianisation à Java au l9e s. (Paris, 1981) (Trad. indonésienne: Jakarta, 1986) et de The Sultanate of Banten (Jakarta, 1990).

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até a p.